L’éthique et le médiateur professionnel

De nombreux médiateurs professionnels font le choix d’adhérer à plusieurs courants de la médiation, et je les comprends. Comment s’assurer d’être dans le bon wagon et ne pas risquer de rester sur le bas côté. Comment assurer sa propre activité. Des courants ont fait le choix pour être pris en considération par les instances politiques et judiciaires de se rapprocher de leurs attentes, de traiter les conflits selon une approche juridique-psychologique-théologienne. Ces courants ont les oreilles de la justice et des politiques. Mais à quel prix ?

La médiation professionnelle est une alternative à contre courant de la vision juridique. Traiter un conflit en regardant en premier le contrat qui les unie, la clause du contrat qui pose problème et en dernier la partie émotionnelle réduit à néant les chances de réussite.

Dans un conflit, c’est la partie émotionnelle qui entraîne les participants dans une spirale relationnelle conflictuelle. Quand on est en conflit, on déploie toute son imagination dans la bataille, se sentant en danger de perdre une liberté, une vie, un travail, une position sociale… on défend ses positions et on réplique du tac-o-tac.

Avant de pouvoir traiter au fond un conflit il convient donc de déparasiter la relation. C’est donc un processus inversé à celui viscéralement mis en oeuvre par toute personne en conflit.

Déparasitage émotionnel -> travail sur ce qui fait conflit (modalités pratiques) -> contractualisation (accord écrit ou oral de médiation).

La vision de la médiation professionnelle est incompatible avec les autres visions. On ne peut donc adhérer à deux courants contradictoires sans y perdre en éthique.

Adhérer à deux courants de pensée contradictoires c’est un peu trahir chaque courant. Imaginez un peu un adhérent du front de gauche qui soit aussi adhérent du front national.

Chaque courant a sa vision de la médiation, et chacun est légitime. Contradiction ne veut pas dire guerre de tranchées. Mais comment assurer une visibilité des points de vue respectifs auprès des personnes qui en ont besoin si on met tous ces courants dans le même panier.

Les personnes en conflit ont droit à l’information sur le courant de pensée (en matière de médiation) du médiateur qu’elles sollicitent afin de choisir. Nombres de personnes étant passées par la médiation me disent que la médiation qu’ils ont vécu va à l’encontre de leur vision (manque d’impartialité, rappel à la loi, cours de morale…) et finissent par dire la médiation ça sert à rien, allant jusqu’à identifier la médiation comme une conciliation ou un arbitrage.

La médiation professionnelle a ses spécificités, valorisées par le titre de médiateur professionnel CAP’M dont la formation est assurée par l’EPMN (seule école de médiation certifiée ISO 9001, formation reconnue par le Conseil National des Barreaux en France et par son homologue Suisse), l’adhésion au CODEOME (code d’éthique et de déontologie de la médiation), l’appartenance à la CPMN, seule organisation syndicale des médiateurs, l’implication dans le réseau de développement de la médiation professionnelle ViaMédiation.

La médiation professionnelle c’est un processus structuré de résolution des conflits basé sur la qualité relationnelle. Je ne prétends pas que ce soit la meilleure, mais c’est pour moi la plus efficace en terme de résultats, et je mets en avant à chaque rencontre la spécificité de la médiation professionnelle ce qui permet aux personnes rencontrées de savoir où elles vont en prenant un médiateur professionnel, dans quel cadre j’interviens et si ça leur convient ou pas. Je ne change pas ma manière de faire de la médiation en fonction des attentes, parce que c’est par l’adhésion des participants que l’on obtient des résultats, et donc par une identification claire du médiateur.

Jérôme Messinguiral

Médiateur professionnel, cabinet JMS Médiation

Secrétaire général de ViaMédiation

mail : contact@jmsmediation.fr

tel : 06.72.90.96.92